Que dire de ces déjà 6 mois de marche? Un premier rêve s’est déjà accompli, celui d’arriver à Istanbul alors un premier bilan se fait attendre.
Je ne parlerai ici qu’en mon nom car l’évolution en chemin est personnelle même s’il y a forcément des points de convergence.
Je partais bien-sur avec des attentes concernant la marche car on promet toujours au marcheur de longue durée monts et merveille, les marcheurs de Compostelle pouvant en témoigner. Je me souviens d’un patient qui m’expliquait les larmes aux yeux comment il avait marché trois fois le Camino, une fois où il y avait rencontré un américain devenu ami, un autre fois suite à la mort de celui-ci pour lui rendre hommage et une troisième et dernière fois avec sa fille ce qui avait profondément changé leur relation alors qu’ils s’entendaient déjà très bien.
Alors que se passe-t-il tant sur ces chemins? Avant tout quelque chose de très personnel qu’il est difficile d’expliquer et qui diffère d’une personne à une autre.
Il y a très certainement déjà le fait de se reconnecter à son corps et donc à ses émotions. En parcourant plusieurs centaines de kilomètres voir des milliers à la seule force de son corps, il faut bien admettre qu’on le considère différemment. Il est celui avec l’aide du mental qui nous permet d’avancer. Il n’est plus celui qu’on juge de manière superficielle chaque jour ou qu’on utilise comme un apparat, non il est cette machine, ce partenaire qui nous permet d’avancer chaque jours. Il est notre unique outil. Alors le corps devient vraiment un ami et on décide d’en prendre soin. Parce qu’on le ressent ensuite avec plus d’acuité, il permet d’être mieux ancré et d’être plus à l’écoute de ce qui s’y passe comme les émotions par exemple. Et à mieux connaître et comprendre nos émotions, on se connaît un peu mieux. Et mieux se connaître est la base pour tout changement si on le souhaite. Mais tout est toujours fragile, chaque compréhension peut tomber dans l’oubli, chaque résolution peut s’évanouir dès le retour alors je tiens un carnet de bord qui devient un petit trésor et j’espère pouvoir m’y replonger une fois à mon retour pour y retrouver l’essence de ce voyage et finalement de ce que je suis. Parce que je pense sincèrement que si on fait l’effort de s’y intéresser, ce genre de voyage permet vraiment de découvrir qui l’on est vraiment en vérité. De toucher un peu plus à l’essentiel et de ne plus se voiler la face. Bien-Sûr tout cela peut se faire sans avoir à marcher des milliers de kilomètres mais il est plus facile d’y voir clair quand on a le temps devant soi, ça permet de s’ancrer dans la durée. Je pense vraiment que la marche, plutôt en solitaire ou alors en silence, a de nombreuses vertus thérapeutiques. D’ailleurs maintenant, on parle de plus en plus des bains de forêt, une thérapie venue du Japon où les médecins y prescrivent depuis des dizaines d’année la marche en forêt pour ses nombreux bienfaits. Bref, le seul but étant de ralentir et de se reconnecter aussi à la nature qui est aussi un peu notre nature que d’être connecté à elle.
Livres lus en chemin entre autres :
« Les quatre accords toltèques » de Don Miguel Ruiz« L’art de la méditation » par Mathieu Ricard « Le pouvoir du moment présent » d’Eckart Tolle« Le langage du cœur » par Abd el Hafid Benchouk